Tenture de l'Impératrice au palais de Versailles

/ Tissus d'ameublement

Un magnifique satin pour la chambre de l'Impératrice Marie-Louise au palais de Versailles

Tenture palais de Versailles

Isabelle Bideau

Tissus d'ameublement BISSARDON, COUSIN, & BONY

GMMP-28-001

1812

Empire (1804-1815)

Soie, Textile

220 × 0,1 × 305 cm

 

Ce lé de tenture en satin blanc uni, destiné à la décoration d’un des salons des appartements de l’Impératrice Marie-Louise (1791-1847) au palais de Versailles, comporte une riche ornementation. Brodé en soie et chenille*, nous y apercevons en partie inférieure une alternance de deux motifs, l’un figurant un fût doré de colonne surmonté d’un vase orné lui-même de dorures  et garni d’une somptueuse  brassée de fleurs, l’autre une corbeille antique contenant une gerbe de fleurs presque semblable à la première. Un oiseau de paradis vient par ailleurs se percher sur le fût de la colonne. Une joyeuse envolée d’oiseaux, de papillons et de fleurs éparses habillent la partie supérieure, l’ensemble étant encadré de deux bordures constituées de frises de motifs géométriques, de guirlandes de fleurs et d’étoiles.

                Cette tenture fait partie d’un ensemble décoratif commandé à Lyon en 1811 aux soyeux Bissardon, Cousin et Bony, une des maisons les plus renommées de l’époque et très souvent sollicitée par Alexandre Desmazis, administrateur du Garde-Meuble impérial, pour la décoration des palais où le couple impérial était amené à séjourner. La tenture, constituée au total de 15 lés, mesurant chacun 3,10 m de haut sur 0,735 m de large, devait venir décorer le salon du Petit Appartement de Marie-Louise à Versailles. Tout un ameublement assorti était également prévu, constitué d’un canapé, d’une bergère, de huit  fauteuils, six chaises, deux tabourets et un écran.

                L’ensemble est expédié de Lyon le 15 octobre 1812 et comme de coutume, il est soumis au contrôle de M. de Sulleau, vérificateur du Garde-Meuble impérial. Bien qu’il émette quelques  critiques, il met aussi en exergue la qualité exceptionnelle de la confection, tant du point de vue du dessin (véritable chef-d’œuvre de la main de Jean-François Bony)  que du tissage et des finitions.

                Cette commande d'un luxe inégalé qui fit travailler l'ensemble des manufactures lyonnaises n'a paradoxalement jamais été employée du temps de Napoléon Ier et est restée complète dans les magasins du Garde-Meuble jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 1929, un lé de tenture a été envoyé au château de Malmaison pour orner la Chambre de la Reine Hortense, il est suivi de deux autres en 1933 pour cette même demeure.

* Chenille : la chenille est un fil fabriqué à partir d’un mince ruban frangé et tordu, souvent utilisé comme trame de broché. Cette technique donne aux dessins ainsi formés un aspect velouté.