Garcia

Photo © Mobilier national, Thibaut Chapotot

/ Vous assurez la scénographie de Sièges en Sociétés dans le cadre d’un mécénat de compétences. Faut-il y voir le signe d’un lien fort vous unissant au Mobilier national ?

Lorsque j’ai collaboré au remeublement du Château de Versailles entre 2001 et 2014, l’expertise de Jean-Jacques Gautier, Inspecteur du Mobilier national et commissaire de l’exposition Sièges en Sociétés, a été précieuse entre toutes. Il a notamment joué un rôle déterminant dans la politique de dépôts du Mobilier national en faveur de Versailles qui a permis de faire revenir des meubles et des objets de tout premier plan dans leur lieu d’origine. Mais je connaissais naturellement les collections du Mobilier national avant notre rencontre. La pensée que des objets puissent rester sur des étagères dès lors que leurs dépositaires ne s’en servaient plus me troublait beaucoup. Je trouvais dommage que ces pièces qui ont fait la gloire de la France pendant tant de générations ne soient pas montrées. Le bien du peuple appartient au peuple, c’est une chose selon moi incontournable.

 

/ Avez-vous eu d’autres occasions de travailler avec le Mobilier national ?

Dans le cadre de cette tâche immense qu’était le remeublement du Château de Versailles, j’avais également la responsabilité des échanges entre le château et le musée du Louvre. Comme je m’occupais de l’aménagement des salles des arts décoratifs du musée, j’ai plaidé pour que certains objets du musée retournent à Versailles et vice versa : quantité d’objets, véritables trésors d’intérêt national pour Le Louvre, n’avaient en effet rien à faire à Versailles. Ce sont des échanges logiques : non seulement, cela ne coûte rien mais en plus, on met les choses à la bonne place. Encore une fois, ce sont des biens de la nation qui, en tant que tels, doivent être valorisés de la meilleure manière qui soit. Il y a une dizaine d’années, je suis également intervenu à l’Hôtel Matignon. L’état des salons s’était petit à petit dégradé avec des meubles très moyens, des objets qui n’étaient pas adaptés alors que les réserves du Mobilier national étaient remplies de pièces qui ne demandaient qu’à y revenir. Je me suis donc employé à redonner son âme au lieu, à y réinstaller des objets, qui par essence, avaient vocation à retourner dans cette résidence de la République.

 

/ Comment avez-vous procédé pour l’exposition Sièges en Sociétés ?

De la façon la plus simple : la scénographie a été conçue à partir des sièges et des thèmes retenus par Jean-Jacques Gautier. J’ai aussi souhaité que cette évocation fasse une large place à la fantaisie : dans chaque salle, les sièges sont présentés dans des organisations différentes, parfois ludiques, parfois moins. L’exposition recrée par exemple un atelier de sièges. L’idée était de retrouver cette sensation de bien-être induite par le fait même de s’asseoir.

 

/ L’exposition met à l’honneur les métiers qui participent à la création du siège

Cet objet a été pour la France un exemple de créativité absolument phénoménal. Pendant 200 ans, la France a dominé le monde en matière de création de sièges. Sièges en Sociétés est une occasion unique de rendre hommage au savoir-faire des artisans et des techniciens d’art. En matière de restaurations, de remises en état et de créations, celui-ci reste aujourd’hui encore sans égal. Le message de l’exposition est de montrer que cette richesse existe et continuera d’exister quoi qu’il advienne.

 

/ La scénographie semble également suggérer que le siège n’a pas le même sens selon l’endroit où il se trouve 

Non seulement il n’a pas le même sens mais il n’a pas toujours eu non plus la même vocation. Je pense par exemple à la salle à manger recréée dans l’exposition : les sièges sont tous installés autour de la table mais nous nous sommes amusés à les tourner dans l’autre sens. Dans l’exposition, le siège est mis en scène de toutes sortes de manières différentes.


Jacques Garcia est scénographe de l'exposition Sièges en société